Défendre
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Se défendre de renoncer
Interdire
Inter dire
Se dire entre.

Entrer dans la vie des gens, dans leur histoire, au moment où cela fait nœud, où cela fait mal, où cela fait sens, parfois. Et vouloir que la loi soit dite, qu’un lien social se renoue peut-être…
S’adresser à des juges, se dresser contre des juges, pour faire entendre la signification d’un acte qui a pris la place d’une parole impossible…
C’est peut-être cela défendre. C’est peut-être ce trait d’union entre l’homme, son acte et Les hommes.

Mais lorsque les juges n’entendent plus…

Lorsqu’ils privilégient l’enfermement à l’émergence de la parole, lorsqu’ils mettent à distance la singularité de l’individu pour lui préférer l’automatisme d’un système,

Lorsque la visioconférence vient se substituer à la présence physique et qu'elle éloigne encore un peu plus le juge des justiciables,

Lorsque la souffrance des victimes est méprisée par les pouvoirs publics ou, qu'à l'inverse, elle est sacralisée à des fins electoralistes,

Lorsque le « traitement en temps réel » des infractions vient se substituer au temps de la réflexion et à l’intelligence exigibles et nécessaires à l’œuvre de juger,

Lorsque l’analyse des déterminismes sociaux est évacuée, que les moyens de la réinsertion sont drastiquement réduits, tandis que ceux qui sont en position de « modèles » (hommes politiques, hommes de pouvoirs) s’autorisent à être irrespectueux de leur mandat, voire corrompus,

Lorsque le juge judiciaire subit la pression ininterrompue de pouvoirs publics relayés par une approche surmédiatisée des actes délictueux rapportés sous l’angle réducteur de la peur, Alors, plus que jamais, il faut se lever encore, et ne pas craindre d’élever la voix non seulement pour la restituer à ceux qui ne l’ont pas, mais pour empêcher la banalisation de la maltraitance de la chose publique et du contrat social.